Chronique par Alain de Benoist dans Éléments - numéro 206 de février-mars 2024,
Sur mon essai « Le Transhumanisme, stade terminal du capitalisme » : « Un certain nombre d'essais critiques ont déjà été publiés à propos du transhumanisme et de son projet d'« homme augmenté » par le biais de l'intelligence artificielle et des technologies nouvelles. Rares cependant sont ceux qui ont signalé que le système capitaliste forme la toile de fond de cette idéologie.
Nicolas Le Bault a eu la bonne idée de remédier à ce manque en publiant ce petit livre bien informé, qu'on peut lire rapidement. Sa thèse, à laquelle on souscrit aisément, est que « le transhumanisme, stade terminal du processus capitaliste, n'est rendu possible que par une conception dégradée de l'homme, fondée sur la négation de sa valeur intrinsèque et son aliénation à la sphère de l'utile ». Il suffit en effet de s’interroger sur les fondements philosophiques du transhumanisme
pour constater, non seulement qu'il procède du libéralisme, comme tant d'autres choses, mais qu'il implique aussi la logique du profit, la démesure (il faut « faire sauter les obstacles ») et la suraccumulation du capital. L'auteur, qui cite abondamment Jean Baudrillard, Jean-Claude Michéa et Zygmunt Bauman, note ainsi que « le logo de Meta, comme Metavers, est le signe de l'infini: le capitalisme a pour corollaire le principe de l’illimitation ». Quant au monde virtuel que le transhumanisme propose comme alternative au réel, il prévoit l'avènement d'un « être de remplacement entièrement adapté aux normes et à la logique du monde économique, dont les désirs propres ne pourraient se formuler que par des demandes immédiatement solvables sur le marché ». Ce sera du même coup la fin du politique.
Conclusion: si l'homme est désormais considéré dans certains milieux comme obsolète, ce n'est assurément pas pour être remplacé par un « surhomme », mais tout simplement par un nouveau produit.
Il n'y a plus dès lors que deux camps: celui du consentement et celui du refus. A. B. »